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Parade Spectrale

Série photographique réalisée dans le cadre du concours Auteurs 2022 de la Fédération Photographique de France. Lauréat de la division régionale UR17 et 12ème place en National 2. Septembre 2021.

 

Note d'intention


Depuis la nuit des temps, les astres ont côtoyé nos vies et fasciné nos ancêtres. On les a observés, contemplés, étudiés, vénérés, redoutés.


Ce lien intime avec le cosmos est de nos jours menacé par la pollution lumineuse des villes. Le voile obscure qui couvre le ciel prive nos sens de l’accès au spectre stellaire et nous rend orphelins des étoiles.


Dans une volonté de renouer avec ce monde effacé par nos milieux urbains, j’ai souhaité apporter une réponse artistique et réaliste à cette question que je me suis souvent posée : quel spectacle se joue derrière les rideaux noirs de Paris ?

 

Série

 

Réalisation


L'objectif de cette série est de montrer - avec exactitude et respect des proportions - à quoi ressemblerait Paris la nuit sans la pollution lumineuse qui en émane. Pour ce faire mon approche a été de :


1. Monument

Photographier des monuments parisiens en notant l'heure de prise de vue, la focale utilisée, l'orientation de l'appareil photo et la direction de visée (azimut).


2. Ciel étoilé

Aller dans une zone géographie épargnée par la pollution lumineuse pour y photographier le ciel nocturne selon les mêmes conditions et paramètres.


3. Edition

Combiner ensuite sur logiciel monument et ciel étoilé par paire.


4. Série

Définir un ordre aux photos, écrire une note d'intention, choisir un titre.



1. Monument

Pour cette série, j'ai commencé par choisir huit monuments emblématiques de la capitale : le Panthéon, la Tour Eiffel, l'Arc de Triomphe, la Concorde, la Place Vendôme, les Invalides, l'Hôtel de Ville, et Le Louvre.


En préparation, je me suis servi de l'une des applications préférée des chasseurs d'étoiles : PhotoPills. Grâce à cet outil, j'ai pu visualiser en avance pour chaque monument la position de notre galaxie la Voie lactée en fonction de l'heure, et en déduire le cadrage le plus intéressant.


Fin septembre, j'ai parcouru Paris la nuit de monument en monument afin de collecter des clichés nocturnes de ces joyaux de lumière. Le contraste avec l'obscurité du ciel était total. Aucun astre, excepté la Lune, ne parvenait à traverser l'épaisseur de la pollution lumineuse.


Equipement utilisé :

- Appareil photo : Sony A7III

- Objectif grand angle : Laowa 15mm F/2

- Objectif zoom : Tamron 28-75mm F/2.8

- Trépied : Sirui AM-254


Au cadrage, j’ai placé l’appareil photo proche du sol pour augmenter l’effet de profondeur, puis réglé l'orientation pour avoir 1/3 sol, 1/3 monument et 1/3 ciel.


Afin d'obtenir un effet starburst au niveau des sources lumineuses ponctuelles, j’ai fermé le diaphragme à F/11. Comme la zone de netteté n'était pas suffisamment profonde, j’ai pris plusieurs photos avec des mises au point variées. J'ai aussi pris des photos à des temps de pose différents pour augmenter la dynamique.


Ci-dessous les photographies des monuments parisiens :


2. Ciel étoilé


La seconde étape consistait à photographier le ciel nocturne. Pour ce faire, il faut avant tout s’éloigner de la pollution lumineuse, et choisir une nuit sans lune et sans nuage. La qualité du ciel nocturne s'évalue selon l’échelle de Bortle, du nom de l'astronome américain John E. Bortle. L'échelle va de 1 à 9, 1 correspondant au ciel le plus pur (zone rurale, parc national) et 9 au ciel le plus pollué (centre urbain). En France métropolitaine, le meilleur ciel qu’on puisse trouver est un Bortle 2. Pour ce projet, je me suis rendu dans le département de l'Indre aux abords d'Argenton-sur-Creuse (Bortle 2-3) un 30 septembre.



De 21h à minuit, j’ai photographié les zones du ciel étoilé qui correspondaient aux angles de prise de vue des monuments. Afin d’éviter les filés d’étoiles, j’ai utilisé une monture équatoriale pour suivre le déplacement du ciel pendant l’exposition. Le temps d’exposition était de 60 secondes, les ISO à 640, l’ouverture à F/2 ou F/2.8 pour collecter le plus de lumière possible, le format en RAW. J’ai parfois fait des séries de plusieurs photos pour en post-production utiliser une technique de réduction de bruit (l’empilement).



3. Edition


L’étape finale était d’assembler par paire monuments et ciels étoilés avec le meilleur rendu possible (bruit minimal, plage dynamique et netteté optimales).


En premier lieu pour les images du ciel, j’ai utilisé le logiciel Sequator pour :

- augmenter le rapport signal / bruit grâce à l’empilement des photos brutes

- appliquer une fonction de réduction de la pollution lumineuse


Sur Photoshop, j’ai appliqué à ces nouveaux fichiers des retouches globales (exposition, saturation) pour faire ressortir les détails de la voûte céleste. Ci-dessous un avant/après du ciel étoilé :


Toujours sur Photoshop, j’ai ensuite importé les séries de photos de chaque monument, et combiné (grâce à l’utilisation de masques) les variations de luminosité / zone de netteté. Puis manuellement, j’ai détouré les éléments terrestres de chaque photo (infrastructures, végétation, sources lumineuses) et supprimé le reste (ciel) de l’image. Enfin, j’ai placé en arrière plan la photo du ciel étoilé correspondant en respectant la ligne d’horizon. En dernière étape, j’ai ajusté la balance des blancs et l’exposition pour homogénéiser les couleurs et la lumière.


4. Série


J’ai réalisé cette série dans le cadre du concours Grand Prix d’Auteur organisé par la Fédération Photographique de France. Pour participer, un auteur devait présenter un ensemble cohérent de photos (entre 8 et 15), rédiger une note d’intention et choisir un titre. Le thème était libre.


Les photos sont tirées, placées chacune dans une Marie-Louise et présentées en ligne à un jury. Par conséquent, l’ordre choisi est important et doit pouvoir se justifier visuellement sans explication. Pour ma part, j’ai choisi d’ordonner les photos de telle sorte à ce que la Voie Lactée sur chaque image converge par son orientation vers un point commun et dessine l’apparence d’une étoile.



Quant à la note d’intention (premier visuel), la FPF conseille d’employer un style plus poétique que terre à terre. Le procédé technique utilisé les intéresse peu, la volonté artistique davantage. J’ai alors structuré ma note d’intention en trois parties : rappeler la place qu’ont occupée les astres par le passé, décrire la perte de ce lien causée par la pollution lumineuse des milieux urbains d’aujourd’hui, inviter l’observateur à renouer avec ce monde effacé.


Comme titre, j’ai choisi Parade Spectrale. Parade, pour personnifier les monuments et associer métaphoriquement Paris à une scène de spectacle. Spectrale, en référence au spectre lumineux des astres et à leur caractère de plus en plus fantomatique.


Résultats aux concours Auteurs 2022 de la Fédération Photographique de France :

  • Lauréat de la section UR17 (sur 20 participants)

  • 12ème en National 2 (sur 117 participants)

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